*Nous restâmes donc une bonne partie de la nuit à souffler doucement le bonheur qui débordait, à vivre au gré du courant qui nous unissait désormais, s'aimer, s'aimer plus qu'il ne le fallait, moins que l'on ne le désirait. Sans se poser de questions, jamais, oublier tout, le temps, la peur, les idées noirs. Oublier jusqu'à notre nom, cela n'avait aucune importance. C'était à en pleurer de vie, le désespoir, l'amour, je voulais vivre. Vivre plus qu'il ne le fallait, avec elle et elle seule.
Pathétique ? Oui. J'étais irraisonnable et complètement perdu. Je m'accrochais pourtant à Mia, à ce sentiment bouleversant comme à une bouée. C'était devenue tout ce que j'avais vécu, la seule réelle importance. Ma vie ne m'avait jamais paru aussi insignifiante si cela n'avait été d'elle. Je me bornais à croire qu'elle était devenue ma vie. Mais comment pourrais-je le savoir ? Cette question me frôla à peine l'esprit. Ce parfum... Seigneur, ces effluves de nuit à la douceur de miel, cette liberté fougue et sauvage qui me prenait. Cette envie. Je la désirais plus que jamais, mais je la respectais trop pour faire quoique ce soit.
Et alors que le soleil imposait doucement ses premiers rayons, murmurant à la nuit des paroles que l'homme ne pourrait même imaginer, je caressai tendrement la joue de ma belle. Plongeant mon regard d'acier dans le sien, d'un océan profond, je lui soufflai quelques mots... *
- Il faudrait peut-être penser à bouger un peu, belle. Tout le monde sait que les petits vieux sont des lèves-tôt..! dis-je en la couvant toujours du regard.