Les yeux au sol

Messages : 70 Date d'inscription : 11/05/2009

C'était un grand arc de cercle que je traçais lentement du bout d'une longue plume que je tenais à ma main. Le sol autour de moi en était couvert. Ils tourbillonnaient près de mon corps là où je les avais dessiner au long des derniers moments que j'avais passé ici. Voilà que les pointes roulaient sur elles-même, disparaissaient, s'élargissaient ou se scindaient en deux de manière à mieux continuer leur danse folle et immobile. Inutile.

Ma main retranscrite sur le sol, rien n'avais interrompue ma séance de calque durant plusieurs moments. Je n'aurais pu dire combien d'heures, ou de jours, j'avais passé seule dans cette anti-chambre, je ne la préférais pas au tronc des arbre de mon monde, seulement, ici le calme et le silence parfait, nécessaire à ma survie. C'est dans ce mutisme des éléments que l'arrivée subtile du sauteur fit un bruit qui explosa dans la pénombre argenté. Mes yeux sombres, rivé sur le sol regardèrent ma main marquée tenant délicatement la plus qui continua ses farandoles de lignes qu'elle traçait avec légèreté.

Messages : 28 Date d'inscription : 12/05/2009

*Cela faisait un bon bout de temps, maintenant que Faith et moi n'avions pas "Sauté". Et c'est pleins d'envies plus folles les unes que les autres que nous nous sommes éveillés au petit matin. Après un traditionnel repas copieux qui nous rempli plus ou moins la panse, Faith et moi allèrent flâner un peu au parc, rencontrant quelques amis nocturnes au passage. Amis; le terme était peut-être un peu exagéré. Disons connaissances d'une lointaine fête floue.

C'est dans un esprit plutôt neutre et las que nous marchâmes en silence dans la ville toujours fantôme à cette heure. Puis, soudain, comme je l'avais ardemment désiré, une banderole multicolore apparut, ne reflétant que du blanc à l'infini. Sans y penser, j'agrippai Faith et nous fonçâmes vers l'ouverture spatiale.

Arrivé dans l'Entre-Monde, je vis encore et toujours cette jeune fille assise dans son coin, immobile. Cependant, aujourd'hui, elle semblait flotter sur une marre de feuilles marquées d'écritures et de dessins en tout genre. Cette Gardienne semblait si seule et si laissée à elle-même depuis longtemps, que j'en pris pitié.

Je voulais me rendre dans l'autre monde, mais ses traits tristes et sa solitude m'en dissuadèrent. Trouvant un petit coin où aucune feuille ne poussait du plancher blanc, je m'assied, Faith lovée sur mes jambes. Je penchai la tête dans un air triste, mais sympathique.*

-Salut. Je m'appelle Maxence...et elle c'est Faith.

*Ces derniers mots furent rajoutés lorsque mon daemon m'avait regardée, quelque peu menaçante.*

Messages : 70 Date d'inscription : 11/05/2009

Non, j'avais encore pensé que ce monde entre les mondes aurait été plus sage à habiter que la douce clairière des forêt du passé. Bien qu'ici ni Soleil, ni Lune, ni âme vivante à part la mienne ne pointe une quelconque envie de rejoindre l'anti-chambre, je n'étais, en effet, comme jamais je ne me souviendrais, pas à l'abri de ces enfants.

Celui-ci par exemple, plein de volonté, de désir, si farouchement conservés en lui-même, cherchant cette ouverture providencielle depuis des lustres, pour lui, il ne voyait peut-être, sûrement, pas l'interet ainsi si précieux de pouvoir détourner toutes les lois que ces deux grandes portes blanches, pour moi, mais évidemment de la transparence parfaite promise par les puissants de tous les mondes, avaient pris des millénaire à bien encadrer. Elles servaient à empêcher, justement, ce genre de personne aux acuités, aux pouvoirs selon les gens qui n'en avait pas vu d'autre encore, selon les gens qui était bien trop jeunes pour comprendre le sens même du ce mot, un peu plus développées que le reste de la population de leur monde respectif.

Mais aurait-il sembler qu'ils avaient été choisis par les Puissants eux-même, désireux de mettre un point sur le i définitif de la fin des sombres actions, des sombres jours et époques, engendrés par le cours mais terrible règne de cet autre Mauvais au coeur insensible aux souvenirs et aux souffrance des peuples, des pions, me laissant ainsi comprendre que je leur devais réponse et obéissance à leurs demandes de passage. Ils étaient, selon toute vraisemblance, les envoyés des Dieux pour faire règner l'ordre à travers les mondes connus des gardiens de l'Entre-monde à ce jour.

Maxence donc, ce garçon au Daemon ayant la forme exact des renards qui peuplaient mon monde comme le sien, mais au pelage aussi noir que mes cheveux, était venu, téméraire peut-être, sûrement, certainement, s'asseoir à mes côtés, entre les feuilles éparpillées au sol qui formaient de plus en plus clairement les tourbillons gracieux du vent dans les esprits délicats.

-Je suis Ambre.

J'aurais bien pu dire que j'étais gardienne, voir elfe, nymphe, âme, il n'en aurait peut-être compris que le fait que j'appartenais à ces espèce, oubliant comme il se devait la présence peu attrayante que j'apportais à cette chambre. Mon nom, la pierre, la larme, devait suffir à répondre à ses mots, qui tentaient de m'arracher à ma solitude avec biensûr un mince succès, un succès tout de même, puisqu'à présent je n'étais évidemment plus seule, sans que cela ne puisse changer grand chose tout de même, il avait l'étoffe de ne pas m'oublier, ce n'était pas désirable, mais sa patience allait être travaillée.

Je me penchais un moment légèrement, plus, vers l'avant, fixant, silencieuse, médusée par l'immobilité des lignes, le sol avec une attention réféchie sur un seul point. Quelques traits de plumes en plus, le dessin terminer, je levais alors doucement, serainement, mes yeux noirs vers ceux de Maxence qui étaient, par évidence, dirigé vers moi, vers le papier trainassant peut-être, ou n'était-ce que ce renard, Faith, qu'il tenait dans ses bras...

-Où tenais-tu à aller, Maxence ?

L'ignorance des endroits était envisageable, bien que je pensa encore ce garçon capable de vouloir un endroit précis. Il était déjà passé par ici plusieurs fois encore et il était facile de croire qu'il n'attendait que cela pour repartire, la question, donc, devait se poser puisque biensûr, comme de raison, les portes devraient s'ouvrire, et elles ne le feraient pas toutes seules...

Messages : 28 Date d'inscription : 12/05/2009

*Le ton, beaucoup plus que la question en elle-même, me surpris. Ce genre de ton rêveur, mais songé, intelligent, mais enfantin. Une question que n'importe qui aurait pu balayer d'un simple geste de la main. N'importe qui serait tenté de quitter cette petite fille, de partir vers un Monde où tout cela n'était qu'une part nécessaire à la traversée dans un autre endroit, qu'après être passé, nous oublions pour se rappeler qu'au prochain passage. Mais devant ce visage si miné, cette fillette si frêle et cette scène oubliée, mon instinct fraternel, ou simplement ce qui me pousse vers les gens, avait prit le dessus et me clouait au sol.

Une fulgurante envie d'en savoir d'avantage me frappa et je sentis Faith tressaillir. À force d'avoir sa douce fourrure sur mes jambes, à force de sentir le rythme de son souffle au même que le mien, j'en avais oublié sa présence. Il est évident qu'elle est toujours dans ma tête, que je suis toujours et à jamais relié à elle. Mais, c'est la première fois ou je me sentais comme un être humain normal, sans partie de mon âme à l'extérieur de moi-même. Et c'est cette jeune fille qui m'en avait inspiré le contenu.*

-Sur le moment, à nul part.

*Je plongeai mon regard de feu dans celui vitreux de la Gardienne face à moi. Tentant de soutenir ce regard âgé d'une bonne centaine d'années. Et en plus, elle était seule dans cette antichambre blanche hier et demain. Je me demandes pour combien de temps elle restera ici. Des décennies, peut-être? Des siècles? Il est évident que je serai mort et décomposé lorsqu'elle songera à un possible repos. Et cette éventualité me peinait pour cette jeune enfant.

J'avais besoin d'en connaître plus sur son travail, mais surtout sur sa vie passée. J'étais toujours été d'un naturel curieux et je devais approfondir plus en détail ce pourquoi je restais inévitablement dans cette antichambre de passage. La Porte de mon Monde devant, L'autre de côté, j'étais dans un carrefour psychologique et physique simple à relever, puisque le choix m'était toujours réservé une fois rendu de l'autre côté.

Faith s'assoupit un peu plus tard, mais je gardais un contact visuel constant avec Ambre. Ma partie antérieure remua légèrement dans son sommeil tandis que je passais une main affectueuse dans son doux pelage noir et fin...*

Messages : 70 Date d'inscription : 11/05/2009

*Il avait l'air calme d'un garçon qui ne mentait pas en affirmant qu'il ignorait savoir où aller, comme je l'avais prédis avant même qu'il ne suppose de ne désirer pas bouger, pour le moment. Mais sachant que comme tout sauteur il ne resterait pas plus indifférent à cette faille qu'il venait de traverser, il allait donc, en toute logique s'il n'allait nul part mais qu'il ne repartait pas, rester ici. Sur le moment.

J'ignorais ce que pour lui ces mots voulaient dire, car, certainement, ils n'étaient pas même pour lui ou pour moi. Moi qui avait passé maints et maints moments, différents en longueur surtout, ceux d'un individus du monde des Daemons me restaient inconnus. Lui, j'imaginais que mes moments, aussi courts pour moi soit-ils, dans cet Entre-Monde ne l'intéressait qu'en surface, sinon pas. Et ils restaient encore, sans que, pour une première fois certes, je ne puisse comprendre les raisons qui poussait ce garçon à rester ici, à attendre encore un moment. Un moment.

Sur ces genoux dormait, ou semblait dormir du moins, cette petite renarde noire, qu'il caressait avec l'affection d'un père pour sa fille, d'un ami pour son amie, d'un homme pour sa femme. Encore ce sentiment, cette chose, étrange qu'était l'amour, se faufilant dans le coeur de certains, y gravant en lettres de feu le noms de personnes à qui ce dernier serait à jamais rataché par le biais d'une affection incomparable. Imanquable. Et bien sûr, comme de raison, ça choisissait ces victimes et ces heureux, chassant ceux qui n'en voulait pas et envoutant tous les éperdus ou les passionnés. Soit, pas moi.

Cela m'était étrange alors, de voir ainsi ce garçon si jeune adorant tant cette petite créature posée sur ses genoux. Bien que je sache que le lien unissant un individus à son daemon, dans le monde de ceux-ci, était tout à fait unique, il m'était tout autant incompréhensible et insaisissable dans toute sa simplicité. Encore tant de choses m'échapaient...*

-Que vous arrive-t-il si vous n'êtes pas dans le même monde ?

*D'un ton serein, léger peut-être, toujours aussi posé même s'il était sans pose et sans plus d'une question. Ça paraîterait loin, mais de tout lors où j'avais vécu, de tout ce que jusqu'à présent j'avais du voir, jamais un individu et son Daemon n'avaient été déparé par autant de distance en si peu. Par un monde entier en quelques centimètre. Et cela encore, ça me questionnait. J'avais beau en avoir vu beaucoup, je n'avais réponse qu'à celle que j'avais. *

Messages : 28 Date d'inscription : 12/05/2009

*Doucement, je relevai la tête de Faith et regardai Ambre. Dans mon Monde, cette question aurait parût évidente, ou simplement idiote. Mais, je devais me rappeler qu'ici, nous n'étions pas dans mon Monde. Ni dans aucun autre Monde, d'ailleurs.*

-Personne n'a jamais été assez fou pour tenter l'expérience.

*Je me tus, me rappelant cette douleur atroce qui m'avait pris lorsque la renarde s'était éloignée trop loin de moi pour la première fois. Alors, il faut s'imaginer ce que ça serait dans deux Mondes complètement différents.*

-J'imagine que je mourrais. Et elle serait emportée dans un tourbillon doré. C'est ce qui arrive lorsque l'on meure.

*Quoi qu'à bien y penser, j'ai eus un jour vent d'un petit garçon serrant sur lui un poisson mort et l'appelant du nom de son Daemon. De toute façon, les légendes urbaines n'étaient pas mon fort...

Je me mis alors à regarder autour, cherchant de quoi à m'occuper les yeux pendant quelques instants. Mais il n'y avait rien....Rien, mis-à-part les feuilles qui constellaient murs et plancher de ce huis clos blanchâtre. Aucun lit pour qu'elle se repose, aucune fenêtre pour observer le soleil aller au lit. Pas d'eau, ni nourriture. Ce n'était qu'une pièce blanche avec Faith toute noire venant déranger le teint monotone des fondations.

Me risquant, je penchai le haut de mon corps afin d'attraper une feuille dessinée. Cependant, en laissant mon regard centré, celui-ci se mit à errer sur Ambre et s'arrêta sur la marque dorée qui cintrait son avant bras ainsi que sa main. C'était très joli et les détails semblaient avoir été faits à la loupe.*

-Magnifique...Comment tu as eus...ça?

*Pointant cette marque hors du commun d'un doigt aventureux, je me penchai d'avantage et manquai de faire tomber mon Daemon, elle si bien installée. Elle me jeta un regard noir et je lui tirai la langue amicalement.*

Messages : 70 Date d'inscription : 11/05/2009

*Ce n'était point comme si je n'attendais pas cette réponse. Il était sensé de croire que jamais personne n'aurait ainsi tenté de se séparer de l'essence même de son âme, en cisaillant se liens les unissants d'un monde entier, le coupant comme un silex la ficelle. Et il m'était tout aussi facile de comprendre l'ombre de douleur appréhendée passant doucement, furtivement, dans la seconde précédent les mots que Maxence avaient prononcé.

Je n'avais aucune idée de la souffrance que pouvait affliger la séparation d'un individus et de son daemon, et je ne pouvais encore moins connaître celle que la mort étampait dans les visages de ses défuntes victimes. Seulement, des siècles entiers, des millénaires, m'avaient donné un apperçut claire de la chance qu'avait les gens, sans daemon et sans vie. Celles qui, comme moi, ne mourraient jamais.

Je sentais alors ce même regard douloureusement vivant de ce sauteur détourner son attention de sa si chère renarde de jais pour se poser sur ma délicate main qui traçait toujours sur le sol blanc de seraines et entêtées courbes d'encre du bout de la plume.*

-C'est la marque que les Puissants ont inscrite sur moi afin de s'assurer que je passe bien le reste de l'Éternité au seuil de cette porte.

*Le sarcasme étouffant que la phrase laissait entrevoir était complexement caché derrière plusieurs voiles de lassitude, de délicatesse et de séreinité dans mon ton. Il n'y eut alors qu'un simple éclat de christal, du verre se brisant au sol, de mon rire ironique qui tintait entre les murs inexistants de ce demi-monde. *

Messages : 28 Date d'inscription : 12/05/2009

*Bouche-bée, mais aussi intimidé, j'écoutai jusqu'à la dernière note sautillante l'éclat de rire de cette jeune fille emplie trop profondément de solitude. Et c'est lentement, mais sûrement que j'avançai légèrement la tête pour lui parler*

-Alors...Tu ne peux jamais sortir de ces murs?

*Évidemment que non. Question idiote, réponse pas mieux...
Soudainement, je me senti sot. Sot par mes mots, oui, mais surtout sot parce que je n'avais que quatorze légères années. Quatorze était sûrement un chiffre miniature si l'on comparait avec l'âge de l'être devant moi.
Je ne pouvais me résoudre à accepter que quelqu'un se doit de rester à regarder une porte jusqu'à la fin de nos temps...*

-Tu ne te sens pas...seule quelque fois?

*Soupir...Bien sur, crétin!*

-Ce que je veux dire c'est...tu sais toujours quoi faire? Dessiner pendant des millénaires ne doit pas être très amusant...

*...*

Messages : 70 Date d'inscription : 11/05/2009

*Les paroles de Maxence résonnèrent longuement entre les murs inéxistants, invisibles et brumeux qui délimitait en un échos répétitif des sons cet entre-monde aux couleurs indéterminables. L'obscurité en fait, même si les surfaces encadrant cet espace était particulièrement foncé, était omniprésente, et inéxistante de sa source. La lumière profusait de toute les particules flottantes ou non qui peuplaient doucement l'air que respiraient sauteurs et gardiens passant en voyant d'un oeil différent pour chacun l'antichambre des mondes qui les contenaient.

Je savais par discution et compréhension faites au fil des temps passé, que pour la majorité des sauteurs, l'Entre-monde était d'un blanc immaculé d'autre substance que l'encre noir que ma plume étendait en mince filiades tourbillonnante, brumeux et flou, comme pour chaque personne croisant les chemins de plus d'un monde en sa vie, ainsi que fade et maladif, mais pour ce, j'ignorais. Mon Entre-monde, ma maison était un étendu sans fin, sans plafond et sans murs qui ne prenait forme sous mes yeux que quand je désirais ouvrir ou fermer une porte. La lumière, douce, clair et blanche illuminait mes dessins et mon regard qui se posait sur les premiers venu.

Je le relevais d'ailleurs sur Maxence que je jaugeais un instant, indiscutablement coite et figée dans mon expression de sereinité enfentine, avant d'ouvrir la bouche pour laisser sortir quelques mots posés, songés.*

-Je ne peux sortir d'ici sans m'assurer qu'un autre gardien y soit afin de surveiller les portes. Et pour l'instant je suis seule. Donc biensûr, c'est plus qu'un sentiment qu'es ma solitude, c'est un fait. Et puis, un millénaire n'est pas même pour moi qu'il en ai pour toi..

Messages : 28 Date d'inscription : 12/05/2009

*J'aquiescai, ne sachant trop quoi répondre. Tant de sagesse coulait dans ses paroles que je n'osais même pas la prendre en pitié. Encore une fois, l'énorme différence entre l'âge et le physique de cette fille me marqua, comprenant qu'elle devait être plus âgée que mes premiers ancêtres, eux-mêmes. C'est dans cet antichambre blanche, sans amusement véritable, que je ne me verrai jamais passer mes jours. La solitude est la pire chose qu'un homme peut endurer. La faim, la soif, l'atteindront physiquement, certes, mais rien n'est plus cruel que la solitude.*

-Tu ne manges jamais?

*Je penchai la tête, tentant vainement de trouver un réfrigérateur blanc caché à quelque part dans ces murs. Faith avait décidé de se promener et s'amusait à fouiner tout autour des nombreuses feuilles griffonnées d'Ambre.*

Messages : 70 Date d'inscription : 11/05/2009

*Un léger soupir, doux et froid, à peine agacé juste désinvolte s'échappa d'entre mes lèvres blanches après que j'ai entendu les propos invraisemblables, pour moi, de Maxence. Entre ces murs brumeux et ces portes closes, dans ce monde entre les mondes il était impossible de ressentir quelconque sensations. Quelqu'il soit, pour les gardiens en tout cas, ni faim, ni soif, ni fatigue ne pouvait percer les carapaces de nos corps et esprits.

Les puissants y avaient mis de leurs touches pour qu'ainsi jamais un gardiens n'ait à partir pour soulager un besoin qu'il ressentait en lui. Cela par contre, évidemment comme tous avantages que ces puissants nous accordaient, avait bien son envers qui encore nous retenait plus que tout ici. Aucune sensation. Aucun sentiment. Si jamais je n'avais ressentit la faim ou la tristesse, c'est que jamais personne entre ces murs ne pourrait ressentir la satiété ou la joie. C'était un repère de neutralité et de froideur absolu, que même si j'en ignorais les effets sur les autres, je subissais bien sans dire.*

-..Et je mangerai jamais.

*Sans que j'ai à répondre vraiment, j'avais la certitude qu'il entendait bien la réponse par-delà mes mots. Et puis, jamais non plus je n'aurais à manger, comme tous qu'ici se rendaient, et restaient. Il me sautait d'ailleurs aux yeux, à présent, l'étrangeté de la situation auquel ce jeune sauteur me confrontait.

Jamais aucun n'était rester ainsi, assez patient et amusé pour me parler, pour attendre, pour n'aller nul part qu'ici, ne faisant pas que passé par le passage. Je remarquais par contre, la petite bête noire qui furetait sous les feuilles au plancher, semblant bien s'amuser à suivre les entre-mêlement de lignes et les papiers, me laissant comprendre qu'elle-même était insensible aux confinement de cet endroit.*

-Ressentez-vous les même émotions ?

*Doucement, clairement, curiosité froide s'échappait de mon ton en une question qui frappait alors mon esprit avec la force du verre sur une plume d'encre.*